



Sovereignty Insights
France : analyse des dépendances étrangères
Il y a une idée dangereuse dans la manière dont les États et les entreprises regardent leur économie : ils pensent la connaître. Ils regardent des agrégats macroéconomiques, des chiffres de production, des taux d’emploi, des soldes commerciaux… et s’imaginent que cela suffit pour comprendre la place réelle d’un pays dans le système global.
Il y a une idée dangereuse dans la manière dont les États et les entreprises regardent leur économie : ils pensent la connaître. Ils regardent des agrégats macroéconomiques, des chiffres de production, des taux d’emploi, des soldes commerciaux… et s’imaginent que cela suffit pour comprendre la place réelle d’un pays dans le système global.
C’est faux.
La réalité est beaucoup plus simple et beaucoup plus brutale : une économie n’est rien d’autre qu’un tissu de dépendances.
Ce qui compte, ce n’est pas ce qu’un pays produit ou vend, mais de qui il dépend pour produire, vendre, investir, se nourrir et fonctionner.
Cette vérité fondamentale reste invisible dans les statistiques publiques.
Elle est pourtant le cœur de la souveraineté stratégique : la capacité d’un pays à continuer à décider pour lui-même, même quand le monde autour de lui s’effondre.
C’est précisément ce que révèle notre analyse des données FIGARO (Eurostat) et SIRENE (INSEE) appliquée à la France pour l’année 2023 : un diagnostic lucide, chiffré, documenté, sur la place réelle de la France dans les chaînes de valeur mondiales, et sur les vulnérabilités systémiques qui en découlent.
Ce que nous avons découvert est simple à résumer : les dépendances françaises sont beaucoup plus profondes et beaucoup plus invisibles que ce que nos statistiques nationales laissent entendre.

1. Le point de départ : comprendre la structure réelle de la France
La France compte 2 419 964 sociétés commerciales actives au 31 décembre 2023. Un chiffre massif qui nécessite des explications car derrière ce total, la structure est très déséquilibrée :
83,6 % de ces entreprises relèvent des activités immobilières essentiellement portée par des Sociétés Civiles Immobilières (SCI)
L’industrie manufacturière, celle qui fait tourner les chaînes de valeur, représente… 0,05 % du total.
Autrement dit : la France ne produit pas beaucoup d’entreprises industrielles. Mais elle repose massivement sur celles qui restent.
Ce décalage entre puissance industrielle réelle et importance stratégique crée une première vulnérabilité : une poignée de secteurs très spécialisés portent une part disproportionnée du fonctionnement du pays. Mais la deuxième vulnérabilité, plus grave encore, se cache dans les données de flux du commerce international.
2. Ce que la France achète : 23,5 % de dépendance étrangère, dont une part inconnue
En 2023, les entreprises françaises ont importé 627,5 milliards d’euros d’intrants étrangers pour pouvoir produire. Cela représente 23,53 % de tous leurs achats intermédiaires. Un chiffre raisonnable pour un pays développé ? Pas vraiment.
Le détail raconte une autre histoire :
Les principaux fournisseurs étrangers de la France sont :
![]() |
|
Mais ce classement cache une anomalie spectaculaire : Le premier fournisseur étranger de la France n’est pas un pays. C’est un trou statistique.
FIGW1 (“Rest of the World”) n’est pas une région, ni une zone géographique. C’est un agrégat de pays non identifiés, un sac global où disparaissent des dizaines de milliards d’euros de flux.
Ce que cela veut dire est simple : une part significative de la production française dépend d’acteurs que la France n’est pas capable d’identifier. Aucun État souverain ne peut prendre de bonnes décisions dans ce niveau d’obscurité.
3. Ce que la France vend : exposition élevée aux blocs sensibles
Côté ventes, le constat n’est pas plus rassurant. En 2023, 20,64 % de la production intermédiaire française est destinée à des marchés étrangers. Là encore, le premier “client” étranger est… FIGW1 (97,7 Md€).
Les autres clients majeurs sont :
![]() |
|
Là encore, le poids des pays sensibles géopolitiquement est massif :
🇺🇸États-Unis : 47,17 milliards €
🇨🇳Chine : 33,18 milliards €
🇹🇷Turquie : 7,89 milliards €
🇷🇺Russie : 5,89 milliards €
🇸🇦Arabie Saoudite : 1,88 milliard €
Les dépendances ne sont pas seulement économiques. Ce sont des dépendances politiques, technologiques et stratégiques.
4. Les secteurs stratégiques français reposent sur des chaînes de valeur fragiles
L’analyse sectorielle met en lumière un phénomène majeur : les secteurs qui portent le plus la souveraineté industrielle française sont aussi les plus exposés aux dépendances internationales.
Secteurs les plus dépendants côté achats :
Chimie
Automobile
Métallurgie
Matériel électronique
Machines et équipements
Pétrole raffiné
Énergie
Agroalimentaire industriel
Secteurs les plus dépendants côté ventes :
Transport aéronautique et naval
Chimie
Technologies et électronique
Machines-outils
Automobile
Défense / administration
Autrement dit : les secteurs qui comptent le plus sont aussi ceux qui seraient les plus touchés par une rupture géopolitique. Et pourtant, en nombre d’entreprises, ces secteurs sont extrêmement restreints : à peine 1 200 à 1 500 entreprises réellement stratégiques dans toute la France.
Toute la résilience du pays repose sur elles.
5. Les dépendances aux pays sous sanctions : faibles en volume, critiques en nature
Surprise : Les flux avec les pays officiellement sous sanctions OFAC/UE sont relativement faibles. La Russie représente 4,34 milliards € d’achats et 5,89 milliards € de ventes.
À première vue, rien d’alarmant. Sauf que ces montants touchent des secteurs très spécifiques :
métaux
chimie
machines-outils
agroalimentaire industriel
construction
transport
pharma
recherche scientifique
Ces secteurs sont minuscules en nombre d’acteurs, mais centraux dans les chaînes industrielles françaises. Ce n’est pas la taille du flux qui compte. C’est la profondeur de la dépendance et la nature stratégique des biens échangés.
6. Le risque systémique : l’économie française dépend d’acteurs qu’elle ne voit pas
Le constat global peut se résumer ainsi :
La France dépend à 20–25 % de l’étranger pour fonctionner.
Une part significative de ces dépendances est floue, mal documentée, ou invisible (FIGW1).
Les secteurs industriels les plus exposés sont aussi les plus stratégiques.
La souveraineté française repose sur un nombre minuscule d’entreprises industrielles.
C’est la définition même d’un risque systémique non maîtrisé.
La France n’est pas seulement dépendante : elle est dépendante d’acteurs qu’elle n’a pas identifiés, dans des secteurs qu’elle ne surveille pas, et sur des chaînes de valeur qu’elle ne voit pas au-delà du premier rang. Aucun pays n’est souverain dans ces conditions.
7. Pourquoi ce diagnostic compte : la souveraineté stratégique commence par la visibilité
La France a les moyens de produire, d’exporter, d’innover. Ce qu’elle n’a pas, comme tous les pays occidentaux, c’est la capacité de voir ses dépendances réelles. FIGARO nous donne une image macro. SIRENE nous donne la structure de surface.
Mais aucun État ne dispose aujourd’hui d’une visibilité opérationnelle de ses chaînes de valeur :
fournisseurs indirects
pays d’origine réels
dépendances multi-tiers
exposition géopolitique
concentration de risques
vulnérabilités liées à FIGW1
entreprises critiques
points de rupture potentiels
Ce n’est pas une question d’économie. C’est une question de souveraineté stratégique.
Un État ne peut pas protéger ce qu’il ne voit pas.
Une entreprise ne peut pas anticiper ce qu’elle ne mesure pas.
Une économie ne peut pas résister à ce qu’elle ne connaît pas.
Pour la France, la première étape n’est pas de produire plus. C’est de rendre visible ce qui ne l’est pas.
8. C’est exactement ce que Sentinel est conçu pour faire
Il ne suffit pas de savoir que 23 % des achats viennent de l’étranger. Il faut savoir de qui, comment, dans quelle chaîne, via quel intermédiaire, avec quels risques géopolitiques, et avec quelle probabilité de rupture.
Sentinel a été conçu pour cela :
reconstruire les chaînes de valeur réelles à partir de données publiques, privées et satellites ;
identifier automatiquement les dépendances critiques ;
mesurer l’exposition aux blocs géopolitiques ;
détecter les points de rupture dans les chaînes industrielles ;
analyser les fournisseurs multi-tiers ;
attribuer un score de souveraineté sectorielle et national ;
permettre aux décideurs de voir ce qui était invisible.
La souveraineté stratégique n’est pas un slogan. C’est une capacité opérationnelle, fondée sur la connaissance. Et la connaissance commence par une seule chose : la visibilité.
9. En conclusion
Cette analyse ne raconte pas une histoire de commerce international.
Elle raconte l’histoire des dépendances profondes de la France, celles qui structurent sa capacité à produire, à investir, à se défendre, à innover.
Le diagnostic est clair : la France dépend plus qu’elle ne le pense, et surtout, elle dépend d’acteurs qu’elle ne voit pas.
Dans un monde où la géopolitique redéfinit les règles économiques, la véritable question n’est plus : “De combien dépendons-nous ?” mais “Sommes-nous capables de voir nos dépendances avant qu’elles ne se transforment en ruptures ?”
Avec notre solution Sentinel, la réponse peut enfin devenir : oui.
Chaque semaine nous publions sur ce blog une analyse d'un pays.
Inscrivez-vous gratuitement ici
Il y a une idée dangereuse dans la manière dont les États et les entreprises regardent leur économie : ils pensent la connaître. Ils regardent des agrégats macroéconomiques, des chiffres de production, des taux d’emploi, des soldes commerciaux… et s’imaginent que cela suffit pour comprendre la place réelle d’un pays dans le système global.
C’est faux.
La réalité est beaucoup plus simple et beaucoup plus brutale : une économie n’est rien d’autre qu’un tissu de dépendances.
Ce qui compte, ce n’est pas ce qu’un pays produit ou vend, mais de qui il dépend pour produire, vendre, investir, se nourrir et fonctionner.
Cette vérité fondamentale reste invisible dans les statistiques publiques.
Elle est pourtant le cœur de la souveraineté stratégique : la capacité d’un pays à continuer à décider pour lui-même, même quand le monde autour de lui s’effondre.
C’est précisément ce que révèle notre analyse des données FIGARO (Eurostat) et SIRENE (INSEE) appliquée à la France pour l’année 2023 : un diagnostic lucide, chiffré, documenté, sur la place réelle de la France dans les chaînes de valeur mondiales, et sur les vulnérabilités systémiques qui en découlent.
Ce que nous avons découvert est simple à résumer : les dépendances françaises sont beaucoup plus profondes et beaucoup plus invisibles que ce que nos statistiques nationales laissent entendre.

1. Le point de départ : comprendre la structure réelle de la France
La France compte 2 419 964 sociétés commerciales actives au 31 décembre 2023. Un chiffre massif qui nécessite des explications car derrière ce total, la structure est très déséquilibrée :
83,6 % de ces entreprises relèvent des activités immobilières essentiellement portée par des Sociétés Civiles Immobilières (SCI)
L’industrie manufacturière, celle qui fait tourner les chaînes de valeur, représente… 0,05 % du total.
Autrement dit : la France ne produit pas beaucoup d’entreprises industrielles. Mais elle repose massivement sur celles qui restent.
Ce décalage entre puissance industrielle réelle et importance stratégique crée une première vulnérabilité : une poignée de secteurs très spécialisés portent une part disproportionnée du fonctionnement du pays. Mais la deuxième vulnérabilité, plus grave encore, se cache dans les données de flux du commerce international.
2. Ce que la France achète : 23,5 % de dépendance étrangère, dont une part inconnue
En 2023, les entreprises françaises ont importé 627,5 milliards d’euros d’intrants étrangers pour pouvoir produire. Cela représente 23,53 % de tous leurs achats intermédiaires. Un chiffre raisonnable pour un pays développé ? Pas vraiment.
Le détail raconte une autre histoire :
Les principaux fournisseurs étrangers de la France sont :
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Mais ce classement cache une anomalie spectaculaire : Le premier fournisseur étranger de la France n’est pas un pays. C’est un trou statistique.
FIGW1 (“Rest of the World”) n’est pas une région, ni une zone géographique. C’est un agrégat de pays non identifiés, un sac global où disparaissent des dizaines de milliards d’euros de flux.
Ce que cela veut dire est simple : une part significative de la production française dépend d’acteurs que la France n’est pas capable d’identifier. Aucun État souverain ne peut prendre de bonnes décisions dans ce niveau d’obscurité.
3. Ce que la France vend : exposition élevée aux blocs sensibles
Côté ventes, le constat n’est pas plus rassurant. En 2023, 20,64 % de la production intermédiaire française est destinée à des marchés étrangers. Là encore, le premier “client” étranger est… FIGW1 (97,7 Md€).
Les autres clients majeurs sont :
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Là encore, le poids des pays sensibles géopolitiquement est massif :
🇺🇸États-Unis : 47,17 milliards €
🇨🇳Chine : 33,18 milliards €
🇹🇷Turquie : 7,89 milliards €
🇷🇺Russie : 5,89 milliards €
🇸🇦Arabie Saoudite : 1,88 milliard €
Les dépendances ne sont pas seulement économiques. Ce sont des dépendances politiques, technologiques et stratégiques.
4. Les secteurs stratégiques français reposent sur des chaînes de valeur fragiles
L’analyse sectorielle met en lumière un phénomène majeur : les secteurs qui portent le plus la souveraineté industrielle française sont aussi les plus exposés aux dépendances internationales.
Secteurs les plus dépendants côté achats :
Chimie
Automobile
Métallurgie
Matériel électronique
Machines et équipements
Pétrole raffiné
Énergie
Agroalimentaire industriel
Secteurs les plus dépendants côté ventes :
Transport aéronautique et naval
Chimie
Technologies et électronique
Machines-outils
Automobile
Défense / administration
Autrement dit : les secteurs qui comptent le plus sont aussi ceux qui seraient les plus touchés par une rupture géopolitique. Et pourtant, en nombre d’entreprises, ces secteurs sont extrêmement restreints : à peine 1 200 à 1 500 entreprises réellement stratégiques dans toute la France.
Toute la résilience du pays repose sur elles.
5. Les dépendances aux pays sous sanctions : faibles en volume, critiques en nature
Surprise : Les flux avec les pays officiellement sous sanctions OFAC/UE sont relativement faibles. La Russie représente 4,34 milliards € d’achats et 5,89 milliards € de ventes.
À première vue, rien d’alarmant. Sauf que ces montants touchent des secteurs très spécifiques :
métaux
chimie
machines-outils
agroalimentaire industriel
construction
transport
pharma
recherche scientifique
Ces secteurs sont minuscules en nombre d’acteurs, mais centraux dans les chaînes industrielles françaises. Ce n’est pas la taille du flux qui compte. C’est la profondeur de la dépendance et la nature stratégique des biens échangés.
6. Le risque systémique : l’économie française dépend d’acteurs qu’elle ne voit pas
Le constat global peut se résumer ainsi :
La France dépend à 20–25 % de l’étranger pour fonctionner.
Une part significative de ces dépendances est floue, mal documentée, ou invisible (FIGW1).
Les secteurs industriels les plus exposés sont aussi les plus stratégiques.
La souveraineté française repose sur un nombre minuscule d’entreprises industrielles.
C’est la définition même d’un risque systémique non maîtrisé.
La France n’est pas seulement dépendante : elle est dépendante d’acteurs qu’elle n’a pas identifiés, dans des secteurs qu’elle ne surveille pas, et sur des chaînes de valeur qu’elle ne voit pas au-delà du premier rang. Aucun pays n’est souverain dans ces conditions.
7. Pourquoi ce diagnostic compte : la souveraineté stratégique commence par la visibilité
La France a les moyens de produire, d’exporter, d’innover. Ce qu’elle n’a pas, comme tous les pays occidentaux, c’est la capacité de voir ses dépendances réelles. FIGARO nous donne une image macro. SIRENE nous donne la structure de surface.
Mais aucun État ne dispose aujourd’hui d’une visibilité opérationnelle de ses chaînes de valeur :
fournisseurs indirects
pays d’origine réels
dépendances multi-tiers
exposition géopolitique
concentration de risques
vulnérabilités liées à FIGW1
entreprises critiques
points de rupture potentiels
Ce n’est pas une question d’économie. C’est une question de souveraineté stratégique.
Un État ne peut pas protéger ce qu’il ne voit pas.
Une entreprise ne peut pas anticiper ce qu’elle ne mesure pas.
Une économie ne peut pas résister à ce qu’elle ne connaît pas.
Pour la France, la première étape n’est pas de produire plus. C’est de rendre visible ce qui ne l’est pas.
8. C’est exactement ce que Sentinel est conçu pour faire
Il ne suffit pas de savoir que 23 % des achats viennent de l’étranger. Il faut savoir de qui, comment, dans quelle chaîne, via quel intermédiaire, avec quels risques géopolitiques, et avec quelle probabilité de rupture.
Sentinel a été conçu pour cela :
reconstruire les chaînes de valeur réelles à partir de données publiques, privées et satellites ;
identifier automatiquement les dépendances critiques ;
mesurer l’exposition aux blocs géopolitiques ;
détecter les points de rupture dans les chaînes industrielles ;
analyser les fournisseurs multi-tiers ;
attribuer un score de souveraineté sectorielle et national ;
permettre aux décideurs de voir ce qui était invisible.
La souveraineté stratégique n’est pas un slogan. C’est une capacité opérationnelle, fondée sur la connaissance. Et la connaissance commence par une seule chose : la visibilité.
9. En conclusion
Cette analyse ne raconte pas une histoire de commerce international.
Elle raconte l’histoire des dépendances profondes de la France, celles qui structurent sa capacité à produire, à investir, à se défendre, à innover.
Le diagnostic est clair : la France dépend plus qu’elle ne le pense, et surtout, elle dépend d’acteurs qu’elle ne voit pas.
Dans un monde où la géopolitique redéfinit les règles économiques, la véritable question n’est plus : “De combien dépendons-nous ?” mais “Sommes-nous capables de voir nos dépendances avant qu’elles ne se transforment en ruptures ?”
Avec notre solution Sentinel, la réponse peut enfin devenir : oui.
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